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DE QUOI EST MORT PHIDIPPIDÈS ?

DE QUOI EST MORT PHIDIPPIDÈS ?

Hypothèses diagnostiques - Un article du Dr Marc Ferrière, revue Cardio&Sport N°34 - Janvier 2013. Mise à jour février 2017.

Dans le cadre d’une imputation cardiovasculaire à la mort subite du messager de marathon, peut-on envisager un diagnostic ? Tirer des leçons d’un évènement historique et romancé, responsable de la manifestation sportive devenue
phénomène de société 2 502 ans plus tard, l’épreuve reine des Jeux olympiques d’été ? 

Dr Marc Ferrière

 

 

Pour annoncer la victoire (innatendue)
des Athéniens et leurs
alliés sur les Perses de Darius
(20 fois plus nombreux) à Marathon,
un messager (Phidippidès ?) a couru
la distance de Marathon à Athènes
en un temps record, a annoncé la
bonne nouvelle au sénat et est mort
immédiatement après l’annonce de
cette bonne nouvelle.
Les exploits physiques qui ont entouré
cette bataille sont multiples et
exceptionnels, tant pour les efforts
individuels que pour les efforts de
groupe, d’équipe et de masse (Encadré
1) :
• exploit de Phidippidès (P) sur 480
ou 520 km ;
• exploit du messager de marathon ;
• exploit des troupes athéniennes
sur 40 km ;
• exploit des troupes de Sparte (sur
240 km).

De quoi phidippidès
est-il donc mort ?

Les certitudes dont nous disposons
sont les suivantes :
• P. est un coureur endurant professionnel
de longue date, habitué
des distances extrêmes avec profil
de course varié (équivalent de trail
actuellement ?) ;
• il a une hygiène de vie parfaite (régime
sans doute identique à celui
des voisins crétois) ;
• c’est un coureur asymptomatique ;
• l’épreuve physique est extrême,
inhabituelle avec une récupération
insuffisante et un ravitaillement
incertain (course en pleine période
estivale et, en partie, aux heures
les plus chaudes de la journée), à
laquelle se surajoute un stress psychique
: à l’aller, désir d’arriver
à temps et au retour d’annoncer
l’échec de sa mission ; puis combat
auquel il paraît difficile qu’il
n’ait pas pris part et, enfin, 40 derniers
km pour rejoindre Athènes le
plus vite possible) ;
• mort subite sans prodromes au
finish de l’épreuve.

 

 

La mort subite au
cours (ou au décours)
du marathon :

ce que l’on sait
(2, 3, 6, 7, 10)

La mort subite (ou arrêt cardiaque)
est rare, estimée entre 0,75/100 000
(10 ans de suivi de tous les marathons
officiels des Etats-Unis) à
1/80 000 (archives du marathon de
Londres).
C’est un accident de l’homme (4 à
10 fois plus que de femmes concernées).
Elle serait en augmentation, avec
un taux qui aurait doublé en 10 ans,
sans dépasser les chiffres très
faibles ci-dessus. Et ceci alors que
le nombre de participants a doublé
en 10 ans et que le temps moyen de
course, lui, n’a pas évolué (entraî-

nement, degré de préparation identique,
superposable (?)).
Il y a une relation avec la distance de
course : 4 fois plus d’accidents lors
des marathons, par rapport au semi :
1,01/100 000, versus 0,27/100 000
participants ayant terminé les parcours
(4).
Le moment de survenue de l’arrêt
cardiaque : s’il peut survenir à n’importe
quelle période du marathon,
la majorité survient dans les 4 derniers
miles, ou au finish (30 %). Au
total, 50 % entre le 23e et le 26e mile ;
10 % seulement au début (entre 0 et
5 miles).

L’âge de survenue est, en moyenne,
supérieur à 40 ans mais 50 % ont
moins de 40 ans.
La cardiopathie est un arrêt cardiaque
rythmique au-delà de 40 ans.
Il s’agit dans 93 % des cas d’une insuffisance
coronarienne.
Chez les jeunes, l’arrêt cardiaque
n’est pas expliqué dans 20 % des cas.
Les 3 causes explicites sont :
...

 

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