
Un article du Dr Benoît Gérardin, revue Cardio&Sport N°42.
Le commotio cordis – “agitation du coeur” en latin – est une des causes de la mort subite.
Il survient surtout dans un contexte sportif.
Définition
Par définition, le commotio cordis est la mort subite par arrêt cardiaque sur fibrillation ventriculaire secondaire à un choc thoracique non pénétrant sans lésion de la cage thoracique et du coeur en l’absence de cardiopathie sous-jacente. Le principal diagnostic différentiel est la contusion cardiaque qui provoque des lésions anatomiques. Cette pathologie est connue de très longue date. Le moine acupuncteur chinois Chang San-Feng, né en 1247 et formé aux arts martiaux, a décrit au 13e siècle la technique du “Dim Mak”, à savoir la “touche mortelle” pour maîtriser l’adversaire. En Europe, quelques cas cliniques sont ponctuellement décrits depuis le 17e siècle et c’est finalement au 19e siècle que le terme “commotio cordis” est utilisé pour la première fois.
Fréquence
La fréquence du commotio cordis est inconnue mais il est manifestement rare et intimement lié au mode de vie. Le registre nord-étasunien de Minneapolis des morts subites des sportifs rapporte 225 cas sur quinze ans (1). Le Registre français des Accidents cardiaques survenant lors des activités sportives (2) ne comptabilise qu’un cas sur 203 morts subites dont l’étiologie a pu être documentée parmi les 820 colligées entre 2005 et 2010.
Épidémiologie
L’épidémiologie est donc fondée sur des cas cliniques et surtout sur le registre de Minneapolis. Il s’agit avant tout d’une pathologie de l’enfant, de l’adolescent et du jeune adulte touchant essentiellement le sexe masculin (95 %) : 65 % des victimes sont âgées de 10 à 25 ans avec un âge moyen de 15 ans (extrêmes : 6 mois-50 ans), 26 % ayant moins de 10 ans et seulement 10 % plus de 24 ans. Cette répartition épidémiologique s’explique en grande partie par les circonstances de survenue : avant tout le sport de compétition (50 %), mais aussi de loisir (25 %), et moins souvent lors des activités de la vie quotidienne (25 %) avec un choc sur la poitrine provoqué le plus souvent par un projectile de petite taille (balles de base-ball, de softball, du jeu de lacrosse, et de palets de hockey) et moins souvent par la collision entre deux joueurs.
Pronostic
Le pronostic est fatal dans 75 % des cas alors même qu’il n’y a aucune lésion cardiaque structurelle. Dans l’immense majorité des cas, c’est l’inaction ou une intervention trop tardive des témoins qui en est responsable. Signe encourageant, le registre de Minneapolis consigne une amélioration du taux de survie qui est de 35 % dans la dernière décennie contre 15 % dans la décennie précédente, avec même dans les trois dernières années (2006-2009) un taux de commotio cordis récupérés supérieur à 50 %. L’amélioration pronostique est mise au crédit d’une meilleure connaissance de cette pathologie dans le milieu sportif, d’une intervention plus rapide des témoins, de la diffusion des défibrillateurs automatiques, avec au total une activation fréquente de la “chaîne de survie”.