Introduction
Petit à petit, les choses évoluent :
l’épidémiologie des morts subites
liées au sport s’affine, des recommandations
pour la reprise du sport
(sujets les plus à risques) ont été
précisées, la disponibilité des défibrillateurs
automatisés accessibles
au grand public s’accroît.
Parallèlement, les controverses surgissent
: la mort subite du sportif
est-elle un problème de santé publique
prioritaire (la comparaison
avec les nombreux accidents de la
voie publique chez les sujets jeunes
est souvent avancée) ? Les consensus
d’experts ne sont pas étayés
par de réelles études scientifiques
validant les stratégies de dépistage
proposées (la seule concerne l’expérience
italienne et l’utilité de l’ECG de
repos chez les jeunes sportifs) ; combien
le parc grandissant mais anarchique
des défibrillateurs automatiques
externes (DAE) disponibles
a-t-il réellement sauvé de vies ?…
Ces controverses sont abordées dans
ce dossier consacré à la mort subite
des sportifs et à sa prévention, soulignant
les difficultés de dépistage et
de prise en charge malgré les progrès
dans les mécanismes étiologiques et
stratégiques dans ce domaine.
Mots-clés : Mort subite,
Recommandations, Reprise, Défibrillateur
automatique, ECG de repos, Prévention,
Chaîne de survie, Sport
SOMMAIRE :
1 Fréquence et causes des morts subites
dans le sport :beaucoup de questions
non résolues
Dr Laurent Chevalier (Clinique du Sport,
Bordeaux-Mérignac)
2 Examens raisonnables après 40 ans pour la reprise
sportive : quelles recommandations ?
Pr Hervé Douard (Hôpital Cardiologique du
Haut-Lévêque, Pessac)
3Morts subites lors des activités physiques :
intérêt du défibrillateur automatique externe
Pierre-Yves Zinzius, Hugues Blangy, Nicolas Sadoul,
Etienne Aliot (Département de cardiologie,
CHU Nancy-Brabois)
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1 Fréquence et causes
des morts subites
dans le sport
Beaucoup de questions non résolues
La mort subite du sportif, évoquée
ponctuellement dans
les médias lorsqu’elle touche
un sportif de renom, demeure un
sujet riche en questions non résolues.
Pourtant, depuis une vingtaine
d’années, les travaux sur le sujet se
sont multipliés. Néanmoins, tant
sur les plans épidémiologique que
physiopathologique, les données
dont nous disposons sont incomplètes,
parfois obsolètes, souvent
contradictoires. Essayons donc d’y
voir plus clair.
La prévalence
Tout d’abord, en ce qui concerne la
prévalence de ces accidents, la majorité
des séries publiées porte malheureusement
sur des populations
très limitées : pratiquants d’une
seule université, d’une seule Ligue,
d’une région mais pas au-delà de
l’âge de 35 ans (1-7).
Les séries ayant pour objectif d’envisager
la population dans son ensemble
sont beaucoup plus rares
(8, 9) et se heurtent à des difficultés
majeures concernant l’exhaustivité
du recueil des données. Les moyens
méthodologiques employés pour
lister les accidents sont souvent
multiples dans un même travail, ce
qui prouve le caractère imparfait
de chacun. Outre les filières médicales
classiques (SAMU, services
d’urgence, de réanimation), certains
auteurs ont eu recours à la lecture de
la presse et à Internet afin de gagner
en exhaustivité. Cette approche est
en fait souvent décevante, comme
l’a démontré une récente publication
(7) et comme nous l’avons
nous-mêmes constaté il y a quelques
semestres. En vérité, si le cumul des
pistes utilisées est louable, il n’en demeure
pas moins en partie inefficace,
et a pour conséquence de rendre des
chiffres nettement inférieurs à la réalité.
Une fourchette de 1 100 à 1 500 morts ...
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