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Focus sur le CrossFit

Focus sur le CrossFit

Problèmatique cœur et sport : Que doit en penser le cardiologue ?

Le CrossFit, inspiré des camps d’entraînement militaires, est une des activités d’exercices fractionnés à haute intensité (high intensity interval training) ayant actuellement le vent en poupe.
Dr Nima Endjah

CrossFit, Entraînement, Haute intensité, Fractionné, Aérobie, Anaérobie

Le CrossFit multiplie des combinaisons d’exercices (courses, sauts, montées de corde…), nommées Work Out of the Day (WOD) ou entraînement du jour, en petits groupes, sur différents modules (pneus de camions, haltères, sacs, corde, anneaux, poids du corps…) dans une salle dédiée appelée Box. Les bénéfices, notamment cardiovasculaires, de l’activité physique ne sont plus à démontrer, même pour ce type d’entraînement. Cependant, la généralisation de ces pratiques intenses à un large panel de la population, souvent débutante, nous amène à renforcer l’intérêt du dépistage des pathologies cardiovasculaires à risque rythmique et de mort subite, mais également les conseils vis-à-vis d’une bonne pratique.

LE CROSSFIT : QUEL TYPE DE SPORT ET QUELS IMPACTS CARDIOVASCULAIRES ?

Le CrossFit s’articule autour de nombreuses séquences répétitives s’étalant de quelques secondes à plusieurs dizaines de minutes : pompes ou push up, fentes avant ou lunges, squats, abdominaux ou crunches, pour ne citer qu’eux sans oublier les fameux burpees (départ debout, réalisation d’une pompe complète avec enchaînement par un saut vertical au passage debout).
Une séance complète dure généralement entre 20 minutes et 1 heure en gardant à l’esprit qu’un bon nombre pratique le CrossFit en complément d’autres sports et même en compétition aujourd’hui !
Globalement, toutes les filières énergétiques sont mises à contribution lors du CrossFit. S’aidant de la classification de Mitchell (2), dont nous connaissons les limites, il serait logique de considérer le CrossFit comme une activité III-C de haute intensité dynamique (consommation d’oxygène VO2 > 70 %) et de haute intensité statique (force maximale volontaire > 30 %), soit l’équivalent d’une combinaison de plusieurs sports type course à pied (II-C), boxe (III-C), haltérophilie/ bodybuilding (III-A et III-B)… De ce fait, la sollicitation cardiovasculaire et l’usage de la filière aérobie (3) sont équivalents aux sports classés III-C type canoë-kayak, biathlon, décathlon, triathlon… L’impact sur les performances et la capacité aérobie semble évident. Malgré le peu d’études, la pratique régulière du CrossFit, indépendamment d’autres sports, améliore significativement le VO2 max (3).
Il est intéressant également de retenir qu’il existe une bonne corrélation entre le VO2 max et certains WOD (4), notamment la séquence AMRAP (sur 12 minutes : répétitions de 12 lancers de medicine-ball de 12 kg sur une cible à 3 m, 12 levers de kettlebell de 16 kg et 12 burpees). Cette épreuve est en réalité bien plus difficile qu’une épreuve métabolique classique en laboratoire ou qu’un test de terrain !
Le métabolisme anaérobie est aussi largement mis à contribution, incluant également des efforts supramaximaux lors du CrossFit. Dans ce contexte, de nombreux exercices,surtout chez le novice, se réalisent quasiment en apnée (équivalent d’une manoeuvre de Valsalva), ce qui engendre une contrainte vasculaire marquée avec élévations tensionnelles équivalentes aux sports classés III-A. Ceci devrait entrer en considération chez l’hypertendu non équilibré ou en cas de pathologie aortique.

LE CROSSFIT, QUELLE ÉVALUATION AVANT SA PRATIQUE ?

L’évaluation cardiovasculaire lors d’un dépistage en visite d’absence de contre-indication à la pratique du sport restera classique en s’inspirant largement des recommandations (2, 5) : interrogatoire, examen physique et, selon les cas, électrocardiogramme de repos essentiellement avant 35 ans, test d’ischémie non invasif en fonction d’autres éléments (reprise du sport, symptômes, facteurs de risque cardiovasculaire…).

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