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La COVID 19 et le coeur des joueurs de football professionnel

La COVID 19 et le coeur des joueurs de football professionnel

Une enquête de la FFF auprès des médecins de clubs s'avère rassurante.

Contexte :

Dès le début de l'épidémie de COVID 19, des atteintes cardiaques liées à cette infection ont été décrites chez les patients symptomatiques et hospitalisées, atteintes généralement associées à un pronostic plus défavorable. Mais la question d’éventuelles lésions myocardiques séquellaires chez des personnes COVID+ non ou modérément symptomatiques est mal établie. Cette question est importante chez le footballeur, et plus généralement chez l’athlète, car les séquelles des myocardites, avec les cicatrices fibreuses qu’elles génèrent, sont une des principales causes de troubles du rythme ventriculaire graves et de mort subite du jeune sportif. Dans les mois qui ont suivi les premiers cas, la Fédération Française de Football (FFF) s'est penchée sur le problème et a proposé aux médecins des clubs professionnels, comme amateurs, inquiets a juste titre, une conduite à tenir consensuelle basée sur les connaissances du moment, et l'expertise des membres cardiologues et infectiologues de la commission médicale fédérale. Le problème résidait dans la difficulté de savoir jusqu'où mener le bilan cardiologique après une infection non ou pauci symptomatique pour à la fois protéger les joueurs tout en évitant de prescrire systématiquement à tous les joueurs COVID + des IRM. En effet, cet examen est couteux, d’accessibilité parfois difficile, et dans le contexte est parfois difficile à analyser. Un grand nombre d'IRM aurait en effet pu montrer des anomalies qu’il aurait été difficile de rapporter l'atteinte COVID ou à une séquelle ancienne d'une autre origine passée inaperçue. Il a ainsi été proposé de ne pas réaliser d’IRM systématiquement mais seulement en cas de d'anomalies cliniques ou paraclinique (ECG, échocardiographie, épreuve d'effort, Holter ECG ou biologie avec notamment élévation de la troponine). Les médecins de club ont donc été laissés libres de décider avec leur cardiologue du bilan à effectuer vu de nos recommandations

Méthodologie :

En décembre 2020, la commission COVID (médecins, cardiologues et infectiologues) de la fédération française de football a réalisé une enquête auprès des médecins de 38 clubs de football professionnels, pour apprécier la situation "sur le terrain ".

Résultats :

348 footballeurs professionnels ont présenté une infection à la COVID-19. 47.1% d’entre eux ont présenté une forme asymptomatique (n = 164) (tableau 1). Les bilans cardiologiques réalisés à la libre appréciation des médecins de clubs, ont été plus fréquemment réalisés chez les sportifs symptomatiques (80% de bilans cardiologiques chez les asymptomatiques vs 96% chez les symptomatiques,) et de manière plus exhaustives (avec notamment plus de réalisation d’ECG, d’ETT, de dosages de troponine et d’IRM ; mais un taux similaire de holters ECG et d’épreuves d’effort). Il n’a pas été retrouvé d’anomalie statistiquement plus fréquente chez les sujets symptomatiques. En effet, parmi les patients COVID+ asymptomatiques, 2 anomalies du bilan cardiologique ont retrouvé : une IRM anormale, sans autre anomalie sur le reste du bilan ; et une suspicion de péricardite sans atteinte myocardique en IRM. Parmi les patients COVID+ symptomatiques, 5 anomalies du bilan cardiologique ont été retrouvées : des extrasystoles ventriculaires banales à l’épreuve d’effort sans aucune atteinte morphologique ; une séquelle de myocardite; une péricardite et 2 simples décollements péricardiques en imagerie. Aucun évènement clinique grave n'a été observé dans cette étude, et à notre connaissance ceci s’est confirmé après un suivi de plus de 6 mois (juillet 2021).

Conclusion :

L’attitude proposée par la FFF a permis de limiter l’usage des IRM cardiaques, puisque seuls 5.5 % des joueurs COVID + asymptomatiques et 16.6% des joueurs COVID + symptomatiques soit 40 joueurs ont bénéficié d'une IRM. Des anomalies du bilan cardiologique ont été retrouvées dans 2% des cas (1.2% des sujets asymptomatiques et 2.7% des symptomatiques, p=0.320) sans aucun évènement clinique grave. Ces chiffres sont maximalistes et certaines anomalies mineures sont peut-être sans rapport avec l'affection COVID (ESV à l’effort, simples décollements péricardiques). Nos résultats, sont en accord avec les dernières publications (Réf 1), et permettent de se montrer rassurant quant aux anomalies cardiaques que pourraient présenter des joueurs COVID+ asymptomatiques ou paucisymptomatiques. Dans ces cas, le simple arrêt temporaire du sport est souhaitable, comme de coutume après une affection virale ou fébrile, en dehors de tout point d'appel clinique et comme le propose un récent consensus (tableau 1).

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