Quelles sont les formes de dopage ? Un article du Pr Michel Audran, revue Cardio&Sport N°41
Le dopage ne se limite pas aux substances ergogéniques, il revêt de nombreux aspects. Le point sur la pharmacologie et la lutte antidopage.
Pr Michel Audran
Qu’est-ce que le dopage ?
“Doper” signifie stimuler, augmenter les performances ou améliorer les performances d’un système en y ajoutant quelque chose. Dans le sport, la notion de dopage n’est pas obligatoirement liée à l’usage d’une substance ergogénique et, réciproquement, la prise d’une substance potentiellement ergogénique, la créatine par exemple, n’est pas considérée comme étant du dopage. Le terme “dopage”, dans le sport, a toujours fait référence à l’usage de substances et/ou de méthodes interdites par des organisations sportives internationales ou nationales et figurant sur des listes “officiellement approuvées”. Ces listes pouvaient être différentes selon les fédérations sportives et c’est seulement depuis 2003, suite à la mise en place de l’Agence mondiale antidopage (AMA), après le scandale “Festina” du Tour de France 1998, que la définition du dopage et les listes de méthodes et substances interdites sont devenues les mêmes pour la presque totalité des fédérations sportives et des états signataires de la Convention internationale contre le dopage dans le sport, adoptée à l’UNESCO le 19 octobre 2005 et entrée en vigueur le 1er février 2007 (173 états signataires en 2012).
Il existe aujourd’hui trois listes :
• celle des substances et méthodes interdites en permanence ;
• celle des substances et méthodes interdites en compétition seulement ;
• celle des substances et méthodes interdites dans “certains sports” uniquement (Tab. 1).
Prendre, par exemple, un stimulant à l’entraînement n’est pas du dopage, mais le prendre en compétition l’est. Ces listes sont mises à jour au moins une fois par an. Pour qu’une substance soit inscrite sur la liste des substances interdites, elle doit satisfaire à deux des trois critères suivants :
• elle augmente ou a le potentiel d’augmenter la performance ;
• elle présente ou a le potentiel de présenter un danger pour la santé du sportif ;
• son usage est contraire à l’esprit sportif.
Cependant, la définition actuelle du dopage ne se limite pas à l’usage de substances ou de méthodes inscrites sur ces listes. Le dopage est défini par une ou plusieurs violations des règles antidopage énoncées aux articles 2.1 à 2.8 du Code mondial antidopage (1). Ainsi, par exemple, la possession de substances inscrites sur la liste, la falsification d’un contrôle antidopage ou le refus de s’y présenter sont des actes de dopage.
Pharmacologie du dopage
Le dopage suit de très près les progrès réalisés dans les domaines pharmaceutiques et médicaux : en moins d’un siècle, on est passé des boissons alcoolisées et extraits végétaux aux composés de synthèse, stimulants d’abord puis anabolisants, premières substances à permettre un dopage programmé, et enfin aux composés issus des biotechnologies (hormones recombinantes humaines).
Thérapie génique et thérapie cellulaire pourraient constituer l’étape suivante. La figure 1 donne un aperçu des différentes méthodes de dopage. Dans la suite de cet article, nous nous intéresserons plus spécialement à deux catégories de substances – les composés agissant sur les muscles squelettiques et les composés et méthodes permettant d’augmenter le transport de l’oxygène par le sang ou la délivrance aux muscles – et à une méthode, la thérapie génique.
La raison n’est pas que stimulants, diurétiques et autres corticoïdes aient été délaissés par les tricheurs, ils arrivent respectivement en deuxième (10 %), troisième (7,5 %) et quatrième (6,3 %) position des cas positifs en 2013, mais ce n’est pas dans ces classes de médicaments que la recherche biomédicale est la plus active.