Aller au contenu principal

Pratique sportive en compétition des patients cardiovasculaires

Pratique sportive en compétition des patients cardiovasculaires

Nouvelles recommandations nord-américaines. Un article cœur et sport de la revue Cardio&Sport. Pr François Carré.

Cette troisième partie des nouvelles recommandations nord-américaines publiées en décembre 2015 concerne le trait drépanocytaire, le dopage, les troubles du rythme et de la conduction, les canalopathies, les valvulopathies et les maladies de l’aorte. Les différences marquantes de ces recommandations par rapport aux précédentes sont soulignées et commentées lorsque cela nous paraissait justifié. Le tableau 1 rappelle la classification des sports en fonction de leurs contraintes dynamiques et statiques.
Pr François Carré

Cet article est en deux partie, accédez aux précédentes :
Partie 1
Partie 2

LE TRAIT DRÉPANOCYTAIRE

Le sport aussi est concerné par la mondialisation avec de nombreux transferts de sportifs de diverses origines, en particulier afro-caribéenne. Ces nouvelles recommandations abordent le problème du trait drépanocytaire (TD) caractérisé par une anomalie génétique de l’hémoglobine (HbS). Deux données justifient ce choix, d’une part le TD touche 8 % des Afro-Américains (0,08 % des sujets d’autres origines) et d’autre part, le TD considéré comme bénin peut se compliquer d’une mort subite (MS), en particulier lors d’efforts intenses dans des conditions environnementales difficiles (chaleur et altitude surtout). Des données épidémiologiques chez les athlètes chiffrent le risque global à 0,9 et 3,3 % chez les Afro- Caribéens (90 % d’hommes) (1). La clinique de ces accidents est particulière et contraste avec les MS d’origine purement arythmique beaucoup plus brutale. Dans le TD, ils surviennent surtout à la reprise de l’entraînement, en particulier lors des séances de fractionnées avec chaleur marquée ou en altitude. Le collapsus est précédé d’un épuisement avec une dyspnée, des crampes sévères et parfois une rhabdomyolyse. La physiopathologie actuellement retenue est la survenue d’occlusions vasculaires par des hématies de forme anormale du fait de la polymérisation de l’HbS avec, au niveau musculaire, rhabdomyolyse, acidose et hyperkaliémie. Ces perturbations aboutissant à une défaillance viscérale et à la survenue d’arythmies létales. Le tableau 2 résume les recommandations (1).

DOPAGE

Les risques cardiovasculaires du dopage sont prouvés. Il peut s’agir d’une HTA d’apparition récente chez un jeune sportif, de phénomènes thrombotiques vasculaires, mais aussi d’altérations myocardiques avec troubles morphologiques, hypertrophie pariétale ou dilatation cavitaire et/ou altérations fonctionnelles et au niveau histologique des foyers fibrotiques potentiellement arythmogènes. Ces anomalies peuvent favoriser la survenue d’arythmies souvent supraventriculaires, mais aussi ventriculaires parfois à l’origine de MS. Les recommandations proposées insistent sur l’importance de la prévention (Tab. 3) (2).

TROUBLES DU RYTHME ET/OU DE LA CONDUCTION, STIMULATEURS ET/OU DÉFIBRILLATEURS CARDIAQUES, SYNCOPES

L’entraînement intense et prolongé, en particulier aérobie, peut induire des adaptations cliniques, électriques et structurelles regroupées sous le terme de coeur d’athlète. Ainsi, l’interprétation classique de l’ECG de l’athlète peut être mal adaptée à cette population, surtout chez l’endurant masculin. Parmi les signes ECG du coeur d’athlète, les arythmies, parfois classées comme hypokinétiques, la bradycardie significative chez l’athlète en dessous de 50 bpm et “banale” jusqu’à 30 bpm, les pauses sinusales peu marquées, l’arythmie respiratoire, le bloc de branche droit (BBD) incomplet et les blocs atrioventriculaires (BAV) de bas degré (degrés 1 et 2 type Mobitz 1) sont fréquents et ne réclament aucun bilan cardiovasculaire (CV) lorsqu’ils sont asymptomatiques. Les BB complets et BAV de plus haut degré ne sont pas induits par le sport. L’attitude vis-à-vis du sport en compétition est résumée dans le tableau 4 (3). Dans la majorité des cas, le coeur du sportif n’est pas arythmogène. Notons que l’intérêt majeur d’un Holter, si besoin prolongé, avec session d’entraînement surveillé incorporée dans le bilan de troubles du rythme non physiologiques n’est curieusement pas souligné dans ces recommandations.

...

Articles reliés