Aller au contenu principal

Une anomalie du cardiofréquencemètre à explorer

Une anomalie du cardiofréquencemètre à explorer

Des extrasystoles pas si bénignes. Un article de la revue Cardio&Sport N°46.

Les anomalies de la fréquence cardiaque (FC) à l’effort décelées par le cardiofréquencemètre (CFM) sont un motif de consultation de plus en plus fréquent en médecine et cardiologie du sport. Cependant, l’attitude diagnostique et les examens complémentaires nécessaires ne sont pas codifiés, car peu rentables dans la majorité des cas, chez des sportifs très souvent asymptomatiques.
Dr Christophe Hédon

HISTOIRE CLINIQUE
M. L., 25 ans, est un cycliste professionnel courant en première catégorie. Il a déjà bénéficié par le passé d’un bilan cardiologique pour la découverte fortuite d’extrasystoles ventriculaires (ESV) au cours de son suivi médical longitudinal. Ce bilan concluait à des ESV bénignes probablement d’origine infundibulaire avec un bilan normal comprenant ECG, Holter 24 h, épreuve d’effort (EE), échographie cardiaque transthoracique (ETT) et IRM. Il rapporte, depuis plus d’1 an, la survenue d’un blocage respiratoire au cours d’efforts intenses, surtout les jours de compétition, qui le contraint régulièrement à couper son effort. Les différents médecins du sport consultés lui ont proposé un traitement spécifique dans l’hypothèse d’une bronchoconstriction ou d’une hyperréactivité bronchique à l’effort, mais sans réelle amélioration clinique. Pour ne pas être gêné, M. L. n’utilise que rarement son CFM en compétition. Toutefois, alors qu’il l’utilisait lors d’une course, il consulte, car il a constaté une élévation brutale de sa  vencourbe de FC de 190 bpm à 280 bpm sur plusieurs minutes lors d’un effort intense, nécessitant une interruption de celui-ci. Il n’a pas ressenti de palpitation ni de malaise à proprement parler, mais décrit toutefois cette même sensation de blockpnée.

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES
Compte tenu du caractère symptomatique et de la tachycardie très rapide, un bilan exhaustif a été réalisé : l’ECG de repos retrouvait une  bradycardie sinusale sans anomalie de la conduction ni de la repolarisation et des ESV isolées à type de retard gauche et axe vertical (Fig. 1). L’ETT et l’IRM (Fig. 2) montraient une fraction d’éjection ventriculaire gauche à 62 %, des volumes ventriculaires gauche et droit augmentés de façons harmonieuses et compatibles avec le niveau d’entraînement, sans anomalie de contraction segmentaire, sans zone de rehaussement tardif, notamment en regard de la région infundibulaire et sans argument pour une maladie arythmogène du ventricule droit ou pour une séquelle de myocardite. L’EE était également rassurante, montrant une diminution des ESV avec l’intensité de l’effort.

...

Articles reliés