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Record mondial d’altitude après greffe cardiaque à 6 136 mètres

Record mondial d’altitude après greffe cardiaque à 6 136 mètres

L’exploit de Paul Baudry, par Dr Jean-Claude Verdier.

Greffé cardiaque depuis 2009, Paul Baudry a battu le record mondial d’altitude après greffe cardiaque à l’âge de 51 ans, en 2013. Retour sur son expérience.

Paul Baudry pratique l’alpinisme depuis son enfance.

Porteur d’une cardiopathie restrictive détectée à l’âge de 23 ans, il poursuit ses ascensions jusqu’à 33 ans, âge auquel apparaissent les premiers épisodes de fibrillation atriale. S’ensuit l’installation d’une insuffisance cardiaque d’aggravation progressive aboutissant à une greffe cardiaque en 2009, à l’âge de 47 ans. Après sa transplantation, il reprend peu à peu des activités sportives et se réapproprie les montagnes du massif de l’Oisans. Il entend alors parler de l’ascension du mont Blanc par des greffés cardiaques, et du record d’altitude à 6 120 mètres établi en 2004 par Sylvain Bédard, québécois lui aussi greffé cardiaque. C’est alors que son projet prend forme : renouer avec l’univers de la haute altitude, qu’il a déjà connu à l’âge de 23 ans et, pourquoi pas, tenter d’établir le record mondial d’altitude après une greffe cardiaque ! Il part pour un premier essai en 2012 au Pérou avec ses compagnons Guillaume Orsal et Alain Dutrevis, mais doit s’arrêter à 5 300 mètres. Les efforts accomplis durant la période d’acclimatation ont été trop éprouvants, provoquant contractures et altérations musculaires. Fort de ce constat, il repart en 2013 avec les mêmes compagnons (Fig. 1), adapte ses conditions d’acclimatation et établit le nouveau record en Bolivie : 6 136 mètres !

Un rappel : les caractéristiques de l’altitude

La caractéristique la plus importante est la diminution de la pression barométrique : elle entraîne une baisse de la pression partielle en oxygène de l’air atteignant 30 % dès 3 000 mètres d’altitude. S’y ajoute la baisse de la température : • - 5 °C en moyenne par 1 000 mètres de dénivelé ; • en fonction du degré hygrométrique de l’air : - 10 °C en air saturé de vapeur d’eau et - 2,5 °C en air sec. Cette baisse de la température dépend également de nombreux facteurs : latitude, exposition, végétation, conditions météorologiques, variations nycthémérales, vent…
Le degré hygrométrique diminue avec la pression barométrique, favorisant les pertes hydriques et la déshydratation. Les autres caractéristiques environnementales ont peu d’impact sur les adaptations à l’altitude : radiations, baisse de densité de l’air, baisse de la gravité.

Quelles réactions physiologiques à l’altitude ?

Sur le plan ventilatoire, on constate une absence de modification au repos à moins de 3 000 mètres durant moins de 24 heures. Dans les autres cas, une hyperventilation, essentiellement par augmentation du volume courant (VT), survient. Sur le plan cardiovasculaire, au repos, une augmentation du débit cardiaque par élévation de la fréquence cardiaque (FC) est observée dès 2 000 mètres. Cette tachycardie diminue progressivement avec l’acclimatation. La pression artérielle (PA) reste le plus souvent dans les normes, rarement des valeurs diastoliques élevées sont observées. Au niveau sanguin, on note une augmentation de la concentration des érythrocytes et de l’hémoglobine ; rapide dans les premiers jours, plus lente par la suite. La FC s’abaisse parallèlement à ces adaptations hématologiques. La courbe de dissociation de l’hémoglobine se modifie afin de favoriser dans un premier temps la fixation de l’oxygène au niveau du poumon puis dans un deuxième temps son extraction au niveau des tissus. Au niveau musculaire, l’exposition chronique à l’altitude induit une augmentation du nombre des capillaires. Au niveau cellulaire, l’augmentation de la myoglobine et de l’activité de certaines enzymes oxydatives majore les capacités oxydatives musculaires.

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