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Extrasystoles ventriculaires inquiétantes chez le sportif

Extrasystoles ventriculaires inquiétantes chez le sportif

Maintenir la surveillance ! Un article de la revue Cardio&Sport N°42, du Dr Jean-Michel Guy.

En 2008, Monsieur Paul M., âgé de 62 ans, kinésithérapeute habitué à faire environ 7 000 km de vélo et plusieurs courses longues de cyclotourisme chaque année, ressent à l’effort des passages d’essoufflement, de blocage respiratoire transitoire, de gêne en côte. Cela ne l’arrête pas dans son effort, d’autant qu’au fil des kilomètres, les symptômes disparaissent et que les “sensations” deviennent meilleures. Devant cette symptomatologie lui faisant dire que « ce n’est plus comme avant » et après plusieurs mois, il se décide enfin à consulter.

 

Mots-clés  : Extrasystoles ventriculaires, Tachycardie ventriculaire non soutenue, Bêtabloquant, Épreuve d’effort

 

Présentation du cas

L’interrogatoire met en évidence ces sensations inhabituelles chez ce sportif entraîné qui se connaît bien. L’examen physique cardiovasculaire ne montre pas d’anomalie (pression artérielle de 130/60 mmHg). L’ECG de repos est sans particularités. Il n’y a pas d’anomalie biologique (taux de LDL à 1,5 g/l avec un taux de HDL à 0,6 g/l). L’échographie cardiaque de repos est normale (FE à 70 %), et ne montre pas de dilatation des cavités ventriculaires et auriculaires, d’anomalie pariétale des ventricules, ni de valvulopathie. En 2005, Monsieur M. avait déjà effectué une épreuve d’effort (EE) qui était considérée comme “normale” (250 watts, FC atteinte 170 bpm/min). Une nouvelle EE lui a été prescrite. Elle est arrêtée suite à plusieurs accès de tachycardie ventriculaire non soutenue (TVNS) à type de retard gauche au palier de 260 watts, faisant suite à des doublets dès 190 watts (Fig. 1). Tout rentre spontanément dans l’ordre à l’arrêt de l’effort et le patient dit avoir ressenti les mêmes symptômes que d’habitude. Compte tenu de l’âge, une coronarographie est demandée. Elle ne montre aucune sténose angiographique, mais des artères discrètement irrégulières. Par ailleurs, la recherche des potentiels tardifs est négative, l’IRM est également sans anomalie.

Mise en place du traitement
L’exploration électrophysiologique est secondairement réalisée. Il n’y a pas eu d’induction de tachycardie soutenue sous isoprénaline, mais une apparition de TVNS de morphologie identique avec un aspect de retard gauche à une fréquence ventriculaire de 240 bpm/min. Un traitement bêtabloquant est proposé avec un nouveau contrôle quelques mois plus tard. On interdit la reprise sportive jusqu’à la nouvelle évaluation. Un traitement par l’association statine et acide acétylsalicylique est également mis en route. L’EE refaite à trois mois sous bêtabloquants est arrêtée sur des critères d’épuisement musculaire à 145 bpm et pour une puissance maximale atteinte à 246 watts. La reprise de l’activité sportive est donnée avec un seuil de FC à ne pas dépasser. Un Holter ECG en situation (vélo) est réalisé quelques mois plus tard et ne montre que quelques extrasystoles ventriculaires (ESV) isolées sans relation avec l’effort. Aucun trouble du rythme soutenu ou non n’est noté. La poursuite du vélo loisir est autorisée, sans compétition. De 2009 à 2011, Monsieur M. continue à faire plus de 5 000 km par an. Il est suivi régulièrement avec une EE annuelle arrêtée au même niveau d’intensité et sans signes cliniques ou électriques à 100 % de la fréquence cardiaque maximale théorique (FMT) malgré le traitement bêtabloquant, sans troubles rythmiques cette fois-ci.

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