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Étude des déformations myocardiques

Étude des déformations myocardiques

Quel intérêt chez le sportif ? Un article de la revue Cardio&Sport N°47, du Dr Stéphane Cade.

Introduction

L’échocardiographie du sportif reste dans la majorité des cas normale, mais il n’est pas rare de constater chez certains athlètes une dilatation cavitaire généralement harmonieuse touchant les quatre cavités. De la même façon, il est possible de retrouver au repos chez nos sportifs des fonctions systoliques gauche ou droite modérément et globalement hypokinétiques. Ces derniers temps, la littérature s’est enrichie sur l’utilisation de nouvelles techniques, comme l’analyse des déformations, pour différencier le coeur adaptatif de l’athlète de certaines cardiopathies. Dans un premier temps, les différentes études s’intéressant à ce sujet ont regardé le coeur d’athlète au repos, mais s’y intéressent de plus en plus à l’effort. Outre l’intérêt clinique, elles ont permis de mieux comprendre le fonctionnement physiologique du coeur d’athlète.
 

Peut-on toujours parler de nouvelle technique lorsque nous parlons d’analyse des déformations en échographie ? Rien n’est moins sûr, car cette technique censée approcher au plus près la contractilité myocardique par la mesure de sa déformation s’est sensiblement démocratisée. Elle devient accessible à de nombreux praticiens, avec une facilité d’utilisation et une fiabilité qui s’améliorent sans cesse, permettant maintenant de l’utiliser en routine dans notre pratique clinique. Son caractère “angle indépendant” et sa bonne reproductibilité permettent d’apporter des informations sur la contractilité systolique myocardique, additionnelles à la fraction d’éjection du ventricule gauche (FEVG). Nous parlerons donc indifféremment de “déformations myocardiques” ou de speckle tracking imaging (STI) ou de 2D strain, sachant que le strain longitudinal est la composante de déformation la plus utilisée en pratique clinique, les strains radial, transverse et circonférentiel restant d’utilisation plus confidentielle, alors que la torsion reste encore réservée au domaine de la recherche. Faut-il pour autant l’utiliser systématiquement chez le sportif et devons-nous l’intégrer dans notre compte rendu du coeur d’athlète ? Telles sont les questions auxquelles nous allons tenter de répondre.

COEUR D’ATHLÈTE OU COEUR PATHOLOGIQUE ?

Face à un sportif, la problématique essentielle qui peut se poser est celle du diagnostic différentiel entre coeur de sportif et coeur pathologique. Nous devrions plutôt parler de coeur d’athlète, car pour entraîner des modifications physiologiques adaptatives significatives, il faut une activité physique suffisante à la fois en termes d’intensité, mais aussi de durée d’entraînement. Trois pathologies sont parfois évoquées à la frontière du coeur d’athlète adaptatif : la cardiomyopathie hypertrophique (CMH), la cardiomyopathie dilatée (CMD) et la dysplasie arythmogène ventriculaire droite (DAVD). Ces questions se posent lorsque nous rencontrons des épaisseurs de parois limites, des tailles et des fonctions ventriculaires gauche ou droite subnormales habituelles chez nos athlètes. Que nous apporte alors le strain dans ces situations ?

SPORT, VENTRICULE GAUCHE ET STRAIN

En complément du Doppler tissulaire (DTI), l’étude des déformations est très informative sur la physiologie myocardique avec une littérature riche depuis 10 ans. C’est dans la cardiopathie hypertrophique que l’analyse des déformations a apporté ces dernières années le plus de renseignements. Un des premiers travaux à s’être intéressé à ce sujet a été effectué par une équipe bordelaise (2007) qui a comparé des footballeurs professionnels et des patients atteints de CMH à des sujets contrôles dans toutes les composantes de déformations (longitudinale, circonférentielle, transverse et radiale) (1). Il était d’emblée intéressant de constater chez l’athlète (SHN) une diminution du strain global longitudinal (SGL) dans des proportions identiques aux CMH (-16,9 % versus -16,3 %), diminution paraissant compensée par une augmentation des trois autres composantes qui étaient identiques ou plus souvent supérieures aux contrôles et surtout au groupe CMH. Dans ce travail de Richant, il était noté un gradient base-apex nettement moins marqué chez le SHN que dans la CMH avec une répartition segmentaire également différente. Butz a confirmé l’intérêt du speckle tracking couplé au DTI dans cette même différenciation du coeur d’athlète et de la CMH (2), et Saghir et al. l’ont fait pour la cardiopathie hypertensive (3).

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