Quel degré d’activité physique envisager suite à l’opération ? Un article du Dr Marie-Nadine Laborde, revue Cardio&Sport N°38 - Janvier 2014. Mise à jour mars 2018.
Le remplacement d’un
segment de l’aorte par
une prothèse en polyester
condamne-t-il la reprise de
l’activité physique, voire le
sport en pratique intensive ?
La réponse, si elle est facile
dans le cadre de certaines
pathologies graves, est plus
nuancée chez un sujet sain,
sans facteur de comorbidité,
avec un remplacement isolé.
Nous allons tenter de donner
quelques conseils éclairés.
Dr Marie-Nadine Laborde
Qu’est-ce que l’aorte ?
L’aorte est la plus grande et la plus
grosse artère de l’organisme (Fig. 1).
Elle naît de la base du ventricule
gauche et se termine au niveau du
corps de la 4e vertèbre lombaire où
elle va se diviser en deux branches.
Elle est à l’origine de toutes les
artères du corps à l’exception des
artères pulmonaires.
Cylindrique dans son ensemble,
elle est légèrement renflée à son
origine (sinus de Valsalva). Son
calibre presque uniforme sur tout
son trajet est d’environ 25 mm au
niveau thoracique (1) et de 18 à
20 mm au niveau abdominal.
L’aorte est une artère élastique
capable de se dilater dans une certaine
mesure. Durant la contraction
du ventricule gauche ou systole,
elle se distend. Et durant la
phase de repos ou diastole, l’élasticité
de l’aorte permet de maintenir
à un certain niveau la tension
artérielle grâce à une recontraction
passive.
La pathologie de l’aorte se décompose
en quatre chapitres :
• la dissection aortique ou rupture
de son intima sur un long segment
• la maladie anévrismale ou dilatation
sacciforme ou fusiforme ;
• la coarctation ou rétrécissement
du diamètre (malformation congénitale)
• la rupture traumatique lors de
chocs thoraciques importants avec
forte décélération.
Chacune de ces pathologies génère
une altération de la paroi de l’aorte
dont la conséquence est une réparation
chirurgicale avec implantation
d’une prothèse (exclusion faite du
traitement par endoprothèse).
Il est donc important, au cours
d’un effort, de prendre en compte
la résistance de la prothèse face à
des pressions endoluminales importantes,
et la résistance du fil qui
est utilisé pour faire la suture entre
l’aorte du patient et la prothèse.
Qu’est-ce qu’une prothèse
vasculaire ?
La première implantation date
de 1958, elle a été réalisée par le
Dr M.E. DeBakey aux États-Unis.
À ce jour, une prothèse vasculaire
en polyester (polyéthylène téréphtalate
ou PET) est un matériel
très abouti, subissant des contrôles
très poussés et permanents face à
des contraintes mécaniques majeures,
nettement supérieures à ce
qu’un être humain peut subir. Il est
donc humainement impossible de
soumettre l’organisme à de telles
contraintes matérielles.
Toutes les prothèses vasculaires
mises actuellement sur le marché
doivent recevoir l’autorisation des
organismes tels que la HAS (Haute
autorité de santé) pour la France,
la FDA (Food and Drug Administration)
pour les États-Unis et la
MHRA (Medicines and Healthcare
products Regulatory Agency) pour
l’Angleterre.