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Compléments alimentaires pour sportifs

Compléments alimentaires pour sportifs

Quelle toxicité cardiovasculaire ?

Dans la population générale, la consommation de compléments alimentaires croît d’année en année (1). Ce constat, réalisé dans tous les pays occidentaux, affecte aussi les sportifs, et ce, quel que soit leur niveau de pratique. La multiplication des magasins spécialisés et des sites internet vantant les mérites de multiples compléments alimentaires en est un témoignage probant. Certains ingrédients présents dans des compléments alimentaires pour sportifs sont susceptibles d’avoir des effets secondaires sur la santé, notamment sur l’appareil cardiovasculaire. Si la réalité de ces conséquences sanitaires ne fait aucun doute, leur prévalence reste très difficile à évaluer.
Pr Xavier Bigard, Pr Irène Margaritis

 

DÉFINITION DES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES POUR SPORTIFS

Les compléments alimentaires peuvent être définis comme des produits commercialisés sous forme de concentrés de nutriments ou d’autres substances, dont le but est de compléter le régime alimentaire normal, en ayant des effets nutritionnels ou physiologiques1. On comprend alors que certains compléments alimentaires visent soit à contribuer à la couverture des besoins nutritionnels, soit à améliorer les performances sportives. Ils sont commercialisés sous des formes non alimentaires, de poudres, cachets, liquides, etc. Les compléments les plus à risque d’effets secondaires cardiovasculaires sont les compléments dits “ergogéniques”, dont l’objectif affiché est bien l’amélioration des performances (correspondant aux effets physiologiques de la définition des compléments alimentaires) (2, 3). Ces effets ergogéniques sont revendiqués au titre même de l’application du règlement européen relatif aux allégations nutritionnelles et de santé2 (CE 2006), ou sont allégués frauduleusement dans la communauté européenne ou encore librement dans certains pays.
Lorsqu’ils sont vendus sur le sol français, les teneurs en nutriments des compléments alimentaires doivent rester en deçà de doses journalières maximales fixées par arrêté. Ils font l’objet de notifications de mise sur le marché auprès de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et, à la différence des médicaments, leur commercialisation ne nécessite pas d’autorisation préalable fondée sur l’évaluation de leur sécurité d’emploi par une instance d’expertise.
 

PRÉVALENCE DE CONSOMMATION DES COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES POUR SPORTIFS

Depuis une vingtaine d’années, on enregistre une augmentation régulière de la consommation de compléments alimentaires par les sportifs. Une enquête de consommation, réalisée pendant les deux Coupes du monde de football de 2002 et 2006, a montré que la consommation de compléments a augmenté de près de 86 % entre ces deux compétitions, passant d’une consommation moyenne de 0,7 complément par joueur en 2002 à 1,3 en 2006 (4). Tous les sports sont concernés par cet engouement pour les compléments alimentaires. À titre d’exemple, en athlétisme, on a pu estimer que 85 % des athlètes consommaient régulièrement des compléments alimentaires (5).
Bien que de qualité méthodologique hétérogène, les études publiées à ce jour confirment l’importante consommation de compléments alimentaires pour sportifs : de 40 à 90 % des sportifs seraient en effet consommateurs réguliers ou ont récemment consommé des compléments alimentaires (6). La prévalence de consommation augmente avec le niveau de pratique sportive, elle est plus élevée dans les sports individuels que dans les sports collectifs (Fig. 1), alors que les femmes sportives semblent en consommer autant que les hommes (6-8), avec une grande méconnaissance de la nature et de la classification des substances (8).
Un facteur de risque sanitaire indéniable, rarement abordé dans les études de prévalence, repose sur la consommation concomitante de plusieurs compléments alimentaires qui, au-delà des risques liés aux cumuls, conduisent à des co-expositions dont les effets sanitaires sont pour la plupart inconnus. Une enquête récente, réalisée sur plus de 800 sportifs de niveau national (52,3 % d’hommes et 47,7 % de femmes) et de différentes disciplines, faisait état de 85 % d’utilisation de compléments alimentaires dans les 4 semaines précédant l’enquête (3).
Bien que cette valeur variait fortement suivant les sportifs, ceux-ci reconnaissaient consommer en moyenne cinq compléments alimentaires différents.

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