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L'ULTRA TRAIL SELON JULIEN CHORIER

L'ULTRA TRAIL SELON JULIEN CHORIER

Propos recueillis par le Dr Jean-Michel Guy (. Un article de la revue Cardio&Sport N°34 - Janvier 2013. Mise à jour février 2017.

A 32 ans, Julien Chorier est l’un des meilleurs coureurs de fond
mondiaux actuels dans le trail et l’ultra-trail avec un parcours et des
résultats exceptionnels depuis 2009 :


Vainqueur du Grand Raid de
la Réunion en 2009 et 2011, vainqueur de l’ultra-trail d’Andorre en
2010, vainqueur de la Hardrock aux Etats-Unis en 2011 et de l’ultratrail
du Mont Fuji en 2012. Le champion n’a malheureusement pas
participé à l’UTMB (ultra-trail du Mont-Blanc) cette année pour des
raisons de changement de parcours qui lui convenait moins. Il revient
avec nous sur son parcours, sa préparation et ses entraînements.

 

Propos recueillis par le Dr Jean-Michel Guy (Saint-Priest-en-Jarez)


 

Dr Jean-Michel Guy : Tu étais cycliste de niveau national,
avec de bons résultats (champion Rhône-Alpes sur route,
une étape du tour de la Drôme en 2004, et vainqueur de
nombreuses courses régionales…), avant de passer à la
course à pied vers 2006. Peux-tu nous expliquer les raisons
de ce changement ?
Julien Chorier : J’ai arrêté le vélo à la fin de mes études, car
je n’avais plus le temps de m’entraîner pour des raisons
familiales. Alors, je me suis mis à la course à pied et au
trail, parce que c’était facile : une paire
de baskets et j’allais courir avec des
collègues à l’heure du déjeuner, pendant
une demi-heure ! C’était simple.

 

JMG : Peux-tu nous définir en quoi
consiste un ultra-trail ?
JC : La définition classique tient compte du temps de course
et du kilométrage : 80 km, avec un parcours goudronné ne
dépassant pas 15 %. Pour moi, c’est une course qui dépasse
les 10 heures et qui se déroule sur un parcours montagneux,
sauvage ou en campagne. La notion de “nature” est importante.
Même si j’ai failli participer, il y a quelques années,
à un ultra-trail dans le désert lybien sans dénivelé et bien
que les courses s’urbanisent (comme celle de Hong-Kong),
je pense que l’ultra-trail est lié à la montagne. Le terrain est
important, les conditions climatiques, l’altitude, les changements
de temps, font partie intégrante de l’ultra-trail.
La course, ce n’est pas uniquement lorsque tout est beau.
Ce type d’épreuve présente des incertitudes, des surprises,
bonnes ou mauvaises, et il faut composer avec ! On peut
comprendre les organisations qui, pour se mettre en sécurité,
arrêtent une course lorsque le temps devient mauvais,
mais les conditions difficiles font partie de la course et les
participants doivent se responsabiliser.
 

 



 

JMG : Les courses sont de plus en plus longues
et difficiles, avec de plus en plus d’abandons
(entre 40 à 45 %). Comment juges-tu cette
évolution à la fois sportive et sociale ?
JC : Mon avis, c’est qu’il y a de plus en
plus de courses qui se créent, mais
peu se pérennisent. Celles de 70-80 km
restent abordables pour un grand
nombre car cela fait de superbes objectifs et c’est une
bonne chose que notre société soit sportive ! Au-delà, la
plupart des abandons sont liés à une mauvaise préparation.
Néanmoins, ces abandons permettent une remise en
question personnelle, vers une résolution des problèmes.

JMG : Dans ton palmarès, quelle est la course qui t’a le plus
marqué ?
JC : Il y en a plusieurs mais la Hardrock aux Etats-Unis
était la plus belle et la plus difficile. Au niveau émo-
tionnel, c’est le Grand Raid de la Réunion qui a été le
plus fort. J’y étais en famille et l’engouement populaire
m’a beaucoup porté. Enfin, au Japon, ce fut particulier.
C’était la première fois qu’ils organisaient une course
aussi grande et, malheureusement, beaucoup de chemins
sont privés et nous avons dû contourner ces zones
en empruntant les routes.


JMG : Y a-t-il des trails qui sont plus difficiles pour toi ?
JC : Oui, bien sûr. Mais, ce qui peut paraître un peu
contradictoire c’est qu’une course roulante nécessite de
se forcer à tout le temps courir et c’est donc plus difficile
qu’une course avec dénivelé. Cela dépend également
de la technicité de la course. J’en ai trouvé deux particulièrement
dures : l’ultra-trail à Andorre, qui ne fait que
110 km mais qui est très technique, et la Hardrock aux
Etats-Unis où nous montions à 4 400 mètres.

JMG : Quelles sont les qualités physiques requises pour être un champion de trail ?
JC : A l’heure actuelle, plusieurs gabarits ressortent. Il y a des
grands, des fins, des plus charpentés, des costauds. Pour
l’instant, c’est varié mais on retrouve quand même, globalement,
le gabarit à 1,70-1,80 m, assez sec, un peu comme
les Espagnols. Ensuite, il y a toujours quelques exceptions.

.
JMG : Comment prépares-tu un ultra-trail ? Y a-t-il un entraînement
type ?
JC : Je programme un gros bloc de volume d’entraînement
sur 1 à 3 semaines, suivi de deux semaines de
relâchement avant la course pour arriver “frais” au
départ. Le relâchement n’est pas un arrêt brutal de
l’entraînement mais une diminution progressive.

 
 

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