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Bloc de branche gauche à l’effort

Bloc de branche gauche à l’effort

Une anomalie rare. Un article Cardio&Sport du Dr Christophe Hédon.

Le bloc de branche gauche à l’effort ou bloc de branche fréquence-dépendant est une anomalie peu fréquente, mais parfois retrouvée au cours d’un test à l’effort, le plus souvent de manière totalement fortuite chez un patient asymptomatique. Parfois symptomatique, il peut représenter un facteur limitant de l’exercice physique. Les conséquences hémodynamiques sont plus difficiles à préciser et une origine ischémique doit dans certains cas être recherchée.
Dr Christophe Hédon.

MOTS-CLÉS
Bloc de branche gauche d’effort, Pouls d’oxygène, VO2 max, Explorations fonctionnelles du sportif

 

HISTOIRE CLINIQUE

M. C., 54 ans, est un sportif amateur, ex-compétiteur de boxe française, qui continue une pratique régulière de sport de combat (deux à trois entraînements par semaine), cyclisme (10 000 km par an) et course à pied (deux sorties de 1 heure par semaine). Il ne prend aucun traitement, n’a aucun facteur de risque cardiovasculaire personnel identifié ni antécédent familial notable. Il pèse 86 kg pour 1 m 86, soit un IMC de 24,9 kg/m2. Il se plaint d’une sensation qu’il a du mal à caractériser précisément : une sorte de blocage respiratoire et physique global pour des efforts intenses, sans malaise ni réelle douleur thoracique. Ces symptômes se manifestent essentiellement en course à pied à des fréquences cardiaques (FC) élevées, à plus de 155 battements par minute (bpm). Il n’y a pas d’aggravation de la symptomatologie, qui existe depuis 1 an et il n’a pas constaté d’anomalie des courbes de FC sur son cardiofréquencemètre. Afin de mieux documenter ces sensations, un test à l’effort avec analyse des paramètres cardiovasculaires et des échanges gazeux (VO2 max) est proposé.

ÉPREUVE D’EFFORT AVEC ANALYSE DES ÉCHANGES GAZEUX

M. C. a pu réaliser une épreuve d’effort considérée comme maximale et soutenir une charge de 225 watts, soit 96 % de la charge maximale théorique pour son âge, poids et sexe. La FC maximale est retrouvée à 163 bpm, soit 98 % de la FC maximale théorique. Le VO2 max calculé est de 2,40 l/min, soit 27,9 ml/kg/ min, à 92 % de la valeur théorique. Le premier seuil ventilatoire est retrouvé pour une charge de 105 watts, à 57 % du VO2 max théorique, témoignant d’une adaptation musculaire périphérique satisfaisante chez ce patient entraîné.
L’ECG de repos est sinusal sans trouble de la conduction ni de la repolarisation (Fig. 1). À l’effort, on observe un rythme sinusal avec l’apparition d’un bloc de branche large (QRS = 130 ms), à l’avant-dernier palier d’effort, 210 watts et une FC de 157 bpm (Fig. 2). Il n’y a pas de négativation associée des ondes T (bloc homophasique). Cette anomalie de conduction intraventriculaire est réversible après 1 minute et 15 secondes de récupération active, pour une FC inférieure à 125 bpm. Au niveau ventilatoire et des échanges gazeux, on observe une croissance linéaire du VO2 avec la puissance. À partir de 210 watts et du passage en bloc de branche, alors que le VCO2 et la ventilation continuent d’augmenter, il existe une stagnation et même une diminution de la courbe de VO2 pendant près d’1 minute et 30 secondes, jusqu’à l’arrêt de l’effort (Fig. 3). La FC continuant d’augmenter, le rapport VO2/FC, appelé pouls d’oxygène et reflétant de manière indirecte le volume d’éjection systolique, baisse dès l’apparition de ce bloc de branche (Fig. 4).
Ces constatations électriques et indirectement hémodynamiques peuvent donc s’intégrer dans la symptomatologie du patient, qui ne peut fournir un effort supplémentaire par altération du débit cardiaque à l’effort lorsque le bloc de branche apparaît.

 

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