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Rencontre avec Freddy Guimard

Rencontre avec Freddy Guimard

« J’encourage le port d’un cardiofréquencemètre, mais à condition de savoir s’en servir ! »

Champion de France du 10 000 m en 2016, puis de marathon en 2017, Freddy Guimard, 31 ans, a été sélectionné à plusieurs reprises en équipe de France. Il utilise depuis deux ans un cardiofréquencemètre pour parfaire sa technique d’entraînement.            
Propos recueillis par Marianne Carrière et avec la participation du Dr Thierry Laporte (Bordeaux)

Comment en êtes-vous venu au marathon ?          
Freddy Guimard : J’ai commencé très jeune à faire du sport : d’abord du football, jusqu’à mes 13 ans, puis de l’athlétisme, du demi-fond. À 17-18 ans, j’avais atteint un bon niveau. Progressivement, je me suis amélioré. J’ai dû réduire mon temps de travail (aujourd’hui 20 h hebdomadaires, au sein d’un magasin de sport à Marmande - 47), pour accentuer mes entraînements et ainsi avoir de meilleurs résultats. Je fais en moyenne deux marathons par an (au printemps et à l’automne). Mes résultats m’ont permis d’être sélectionné deux fois en équipe de France : en mars 2017 pour le championnat du monde de cross et en décembre 2017 pour le championnat d’Europe de cross.

Est-ce que vous vous entraînez seul ou en équipe ?          
Freddy Guimard : Seul. Des footings, autour de chez moi, à Puybarban, et des séances d’entraînement sur Marmande avec mon entraîneur Paulo Cardoso. Je fais environ 5 entraînements spécifiques par semaine, auxquels se rajoutent 5 ou 6 séances de récupération ou de réveil musculaire. Au total, je cours une douzaine d’heures hebdomadaires !

Quels outils utilisez-vous pour affiner votre méthode d’entraînement ?         
Freddy Guimard : Cardiofréquencemètre (CFM) et GPS en dehors des pistes, ainsi que chronomètre sur piste afin d’ajuster les allures. Avec ces deux informations, j’arrive à voir mon état de forme en comparant ma vitesse à ma fréquence cardiaque et je peux ainsi adapter mon allure. Si ma fréquence cardiaque est trop rapide, il faut ralentir, sous peine de ne pas aller au bout.

Comment fixez-vous vos seuils ? Vos zones d’entraînement ?        
Freddy Guimard : Je fais régulièrement des tests VMA (vitesse maximale aérobie) avec mon médecin à l’hôpital Bagatelle (Talence). Je préfère les faire à l’hôpital, sur tapis, les résultats sont mieux calibrés, sans le vent. Je réalise au moins deux tests au niveau cardiaque par an et une échographie cardiaque de repos. Cela permet de calculer mes seuils (10 000 m, marathon), mes zones cibles d’allure, et de préparer un objectif. Je suis les préconisations de mon médecin, et on ajuste un peu sur terrain avec mon entraîneur. Il convient également d’ajuster en fonction des conditions climatiques et de son état de fatigue.

Comment avez-vous découvert cette technique d’entraînement ?       
Freddy Guimard : Avec mon médecin, par le biais des tests VMA. Avec mes entraîneurs aussi. Pour être professionnel, il faut utiliser plus de méthodes pour améliorer ses performances.

Utilisez-vous le CFM pour toutes vos séances d’entraînement ?      
Freddy Guimard : Non, seulement sur les séances spécifiques, c’est-à-dire 4 ou 5 fois par semaine. Je ne l’utilise pas en footing, mon cœur est plutôt bas et je le connais bien. 

Vous en servez-vous pour juger de l’efficacité de votre méthode d’entraînement ?      
Freddy Guimard : Oui. Par exemple, entre deux fractionnés, je vois en combien de temps ma fréquence cardiaque redescend ou en récupération comment je suis pour enchaîner. Maintenant, je me connais bien. Je sais quand il faut se mettre au repos par exemple. 

Quels sont vos points à améliorer ?      
Freddy Guimard : J’ai un rythme cardiaque très bas, qui ne monte pas très haut. Au repos je suis à 32 bat/ min ; 169 au max. Il faut que j’arrive à monter plus haut afin d’avoir une meilleure amplitude et être plus rapide. En marathon, je cours à 18 - 18,5 km/h.

Utilisez-vous le CFM en compétition ?     
Freddy Guimard : Je le mets, mais je ne vérifie qu’après la course. Éventuellement, sur de très longues distances, je surveille un petit peu, quand je ne suis pas dans le groupe, notamment pour voir si je ne suis pas trop rapide. Je le porte en permanence, mais c’est essentiellement pour du contrôle en fin de course. Il me donne mon rythme cardiaque (instantané et moyen) tout au long du trajet de la course, sous forme de graphiques (Fig. 1)

 

Quel type de CFM utilisez-vous ?   
Freddy Guimard : Le polar v800 avec ceinture pectorale. Il est fourni par mon sponsor. Je l’utilise depuis environ deux ans.

Quels sont vos objectifs à venir ?  
Freddy Guimard : La saison se termine dans quelques jours (début juin). Je ne ferai aucun sport pendant environ 15 jours. Je reprendrai mon entraînement début juillet afin de me préparer pour la fin de l’année et le début de la prochaine. Je pense faire un marathon en avril 2019. 

À votre avis, quels sont les principaux avantages et inconvénients du port d’un CFM ?  
Freddy Guimard : Je ne vois pas vraiment d’inconvénients, si ce n’est parfois des brûlures dues à la ceinture. Concernant les avantages principaux, je dirais que cela permet de ne pas courir à des allures trop rapides et de vérifier son état de fatigue et ainsi d’ajuster sa course. Cela permet de mieux se connaître et donc de progresser.

Conseillerez-vous l’utilisation du CFM à d’autres coureurs ?  
Freddy Guimard : J’encourage le port d’un CFM, mais à condition de savoir s’en servir ! Il faut bien connaître ses fréquences cardiaques de travail. Souvent, les coureurs l’utilisent, sans connaître leurs zones.

 

PALMARÈS DE FREDDY GUIMARD
• 2012 - 3e / Championnat de France du 10 km (Roanne) 29’25 et marathon (Nice-Cannes) mon 1er en 2h20’30 
• 2016 - 1er / Championnat de France du 10 000 m (Paris) / 29’03’’54 
• 2017 - 1er / Championnat de France de marathon (Combs la-Ville) / 2h20’10’’ 
• 2018 - 3e / Championnat de France de marathon (Albi) / 2h23’28’’

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