
Quelles limites ? un article du Dr Thierry Laporte.
Le test d’évaluation de la réserve coronaire des sportifs d’endurance le plus largement utilisé est l’épreuve d’effort.
Cet examen n’est pas systématique mais largement préconisé, et ce d’autant plus chez les sujets qui sont classés “à risque”, notamment dans les sports à forte composante dynamique imposant une dépense énergétique de plus de 75 % du VO2 max.
Nous présentons ici un cas insolite qui mérite réflexion et doit nous rendre humbles et prudents dans notre attitude vis-à-vis du message que nous devons délivrer à l’issue de ces tests de dépistage réalisés en routine cardiologique.
Mots-clés : Test d’effort, Accident aigu cardiovasculaire
Observation
M. L., 55 ans, pratique le cyclisme sur route et participe à des épreuves de cyclotourisme depuis plus de 15 ans. Dans ce cadre, il pratique depuis 10 ans environ 6 000 km par an. Son médecin lui a conseillé de passer un test d’effort sur vélo tous les cinq ans de manière systématique et préventive. La première évaluation pour ses 50 ans était parfaite, il avait réalisé 330 watts et, depuis, il suit les conseils donnés alors et respecte bien ses zones cardiaques d’entraînement. Il n’a jamais passé d’échocardiographie. Il n’a aucun antécédent médical particulier personnel ou familial et n’a pas de facteur de risque cardiovasculaire connu. Il n’a jamais ressenti le moindre symptôme clinique et n’a jamais noté la moindre anomalie sur son “compte-tours cardiaque”. Il sort d’une période hivernale où il reconnaît avoir bien diminué sa charge d’entraînement. Au début de l’année 2014, il prend de bonnes résolutions et décide donc de venir passer son test quinquennal, avec en prime une mesure des échanges gazeux, pour recaler ses zones cardiaques d’entraînement vieilles de cinq ans.
Le cycliste se dit un peu fatigué le matin du test après un dimanche passé à nettoyer sa piscine, mais l’examen physique est normal – la pression artérielle est mesurée à 110/80 mmHg. Il mesure 178 cm et pèse 82 kg.
Le test est réalisé sur un vélo de route monté sur un home trainer avec un protocole de type rampe avec des paliers de 30 watts/2 minutes après un palier initial d’échauffement à 120 watts pendant 4 minutes. L’analyse des échanges gazeux est couplée à l’effort. M. L. s’arrête pour fatigue musculaire au palier de 300 watts. Son test est bien maximal comme en atteste le plateau de VO2. La fréquence cardiaque de fin d’effort est de 170 bpm, ce qui correspond à 102 % de sa FMT (220 - âge). Aucune anomalie clinique ni électrocardiographique lors de l’effort n’est détectée (Fig. 2). La mesure des échanges gazeux permet de confirmer une bonne capacité aérobie avec un plateau de VO2 max à 3,7 l/min, soit 130 % de la normale théorique pour son âge et 44 ml/kg/ min (Fig. 3). Son pouls d’oxygène augmente régulièrement pour atteindre une valeur de 25 ml O2/battement en fin d’effort. Les deux seuils ventilatoires sont bien individualisés, le premier paraît un peu précoce, ce qui témoigne de son manque d’entraînement actuel.
...