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INFARCTUS DU MYOCARDE (Dossier)

INFARCTUS DU MYOCARDE (Dossier)

QUELLES SPÉCIFICITÉS CHEZ LE SPORTIF ? Un dossier de la revue Cardio&Sport.

Sommaire du dossier INFARCTUS DU MYOCARDE

1 Panorama des accidents cardiaques ischémiques pendant le sport : les leçons de RACE Paris
Dr Benoît Gérardin (Le Plessis-Robinson)

2 Peut-on prévenir le syndrome coronarien aigu à l’effort ?
Dr Laurent Chevalier (Bordeaux-Mérignac)

3 Quels sports pratiquer après un infarctus ?
Dr Jean-Michel Guy (Saint-Priest-en-Jarez)

MOTS-CLÉS : Infarctus, Syndrome coronarien aigu, Rupture de plaque, Facteurs de risque, Accident cardiaque ischémique, Course, Marathon, Reprise.

 

INTRODUCTION

L’infarctus est, après 35 ans, l’étiologie largement dominante des morts subites non traumatiques liées au sport. Quelles sont ses caractéristiques sur le terrain ? Peut-on le prévenir et comment ? Quelle vie sportive après un infarctus ? C’est la gageure de ce dossier de répondre à toutes ces questions.
Pr François Carré (hôpital Pontchaillou, Rennes)

 

1. Panorama des accidents cardiaques ischémiques pendant le sport

Les leçons de RACE Paris Dr Benoît Gérardin*

S’adonner à une activité physique régulière, notamment sportive, diminue le risque de souffrir d’une cardiopathie, en particulier ischémique (1, 2), ce qui a motivé la publication par l’OMS de recommandations encourageant l’activité physique (3). Mais paradoxalement, le risque d’accident cardiaque est transitoirement accru lors d’efforts importants sans annuler le bénéfice global obtenu par la pratique sportive.
Chaque année en France, on enregistre lors de l’exercice physique environ 1 300 infarctus (sur un total de 120 000 à 140 000 infarctus) et 1 000 morts subites non traumatiques, dont 80 % sont d’étiologie cardiaque. Ces morts subites surviennent majoritairement chez des hommes (sexe ratio de 2 à 3 avant 35 ans, et de 7 à 9 après 35 ans), surtout lors de la pratique de la course à pied et du cyclisme. Audelà de 35 ans, la cardiopathie ischémique est très majoritaire (> 80 %), alors qu’elle n’est retrouvée que dans 25 à 30 % avant 35 ans (4).

LE REGISTRE RACE

Le registre prospectif RACE Paris, conduit en 2006 par le GRCI (Groupe de réflexion sur la cardiologie interventionnelle) et soutenu par les Samu 75 et 92, étudie les accidents non traumatiques mortels et menaçant le pronostic vital sur cinq grandes courses parisiennes (marathon de Paris, semimarathons de Paris et de Boulogne- Billancourt, “20 km de Paris” et “Paris- Versailles”).

ANALYSE DE LA PREMIÈRE COHORTE
L’analyse de la première cohorte de cette étude, portant sur les 512 000 coureurs ayant participé aux courses entre 2006 et 2012, vient d’être publiée dans l’European Heart Journal (5). En bref, 17 accidents graves (1 accident/ 30 000 coureurs) ont été enregistrés, dont seulement deux se sont compliqués d’un décès, et ce grâce aux premiers secours effectués immédiatement dans tous les cas. À part quatre hyperthermies malignes d’effort, ces accidents sont tous d’étiologie cardiaque (76 %), dont huit sont de nature ischémique (62 % des accidents cardiaques).
L’analyse de ces huit accidents ischémiques est déjà riche en informations.
• Les victimes sont exclusivement des hommes âgés de 45 à 56 ans (âge moyen 42 ans). La prédominance masculine et l’âge “avancé” des victimes d’accidents cardiaques concordent avec les données épidémiologiques (6, 7). Hormis leur âge, sept de ces huit hommes ne présentaient pas ou peu de facteurs de risque cardiovasculaires. Deux fumaient très modérément (2-3 cigarettes/j).
• Ces hommes étaient tous raisonnablement entraînés (entre 5 et 7 heures d’entraînement par semaine pour les marathons, et entre 2 et 4,5 heures pour les autres courses) et expérimentés (participation à au moins une course similaire auparavant), sauf un qui ne s’entraînait qu’une heure par semaine et dont c’était la première course d’endurance. Plusieurs victimes étaient particulièrement aguerries. Ainsi, un homme coureur régulier depuis “toujours” avait déjà participé à cinq marathons et plus de 25 semi-marathons, un autre à seulement un marathon, mais à une cinquantaine de semi-marathons…
Ces deux premières constatations, moins connues, révèlent que la pratique sportive – si elle est globalement bonne pour la santé – n’immunise pas contre la cardiopathie ischémique, et ce, même en l’absence de facteurs de risque cardiovasculaires.
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